La neurodiversité France

Lettre ouverte à Caroline Goldman

✍ Lettre ouverte adressée à Caroline Goldman en réponse à sa chronique sur France Inter au sujet du TDAH et rédigée par Magali Hack.

Cette lettre reflète les perspectives de Magali en tant qu’enseignante spécialisée, épouse et maman de deux personnes atteintes de TDAH.

Nous souhaitons mettre en avant cette lettre que nous soutenons 👇

Lettre ouverte à Madame Goldman après sa chronique sur France Inter sur le TDAH vendredi 11 août 2023

Permettez-moi d’abord de me présenter : je m’appelle Magali Hack, suis enseignante référente pour les élèves à besoins spécifiques dans l’établissement scolaire dans lequel j’exerce, suis moi-même neuroatypique (HPI – Haut Potentiel Intellectuel) et vis entourée de personnes qui le sont également. Mon époux a un TDAH, sa fille issue d’un premier mariage présente pour sa part un TDAH doublé d’un TSA (Trouble du Spectre Autistique) et notre fille de 7 ans a un TDAH. Tous trois sont également HPI. Nous avons tous été identifiés en Allemagne par trois (pédo)psychiatres différents et à des époques différentes. Au quotidien, chez nous, même si on ne s’ennuie pas, ce n’est pas toujours facile : entre l’impulsivité, les oublis, la difficulté à rester concentré mais aussi à gérer ses émotions, se motiver et organiser ses tâches…

C’est un vrai challenge collectif.

Vivant à l’étranger – même si la frontière n’est qu’à une trentaine de kilomètres de chez nous, j’ai suivi de très loin la polémique autour de l’éducation positive en France et ne connaissais pas du tout votre travail ou vos positions. Cet été, alors que nous sommes en France pour deux mois, j’ai eu l’occasion d’écouter vos podcasts mais surtout vos chroniques sur France Inter pendant la semaine du 7 août. Forcément, deux d’entre elles m’ont touchée personnellement : celle sur le HPI et celle sur le TDAH. Les deux m’ont profondément choquée, et même apeurée.

Comment, en 2023, peut-on soutenir de telles contre-vérités ? Comment peut-on nier à ce point les résultats des études scientifiques les plus récentes

qui font consensus au niveau international ? Concernant le TDAH, comme notre famille le montre, on ne peut ignorer une réalité neurobiologique et des facteurs génétiques. Aborder le TDAH exclusivement sous l’angle psycho-affectif est non seulement une erreur mais est un raccourci dangereux.

Beaucoup de personnes concernées et leurs parents vous écoutent et, en tant que psychologue, vous avez une responsabilité. Après vous avoir écoutée, combien de parents d’enfants avec TDAH, déjà souvent éprouvés par le handicap de leur enfant, vont culpabiliser ? Combien, parmi ceux qui ont un enfant TDAH encore non diagnostiqué et pris en charge, ne feront plus la démarche, croyant que tout est lié à leur laxisme, au cadre qu’ils ne donneraient pas à leur enfant, et éventuellement à un traumatisme vécu par celui-ci dans sa petite enfance et dont, forcément, ils seraient responsables ? Vous comparez la situation de la France à celle aux Etats-Unis alors que les études montrent que nous sommes en retard au niveau des diagnostics. En ce qui concerne la prise de méthylphénidate comme traitement médicamenteux, vous tombez dans la caricature, voire le complotisme.

On ne peut pas dire n’importe quoi, même pour faire le buzz ou tout simplement faire parler de soi. Si le TDAH était un trouble anodin n’ayant pas autant d’impacts sur la vie de l’individu qui en souffre, on pourrait ignorer votre point de vue. Or, vous intervenez sur une radio du service public, à une heure de grande écoute et le TDAH n’est pas un trouble anodin. Un enfant non diagnostiqué, non suivi deviendra souvent un adolescent puis un adulte en souffrance.

Je vous invite volontiers à venir rencontrer notre famille et à rencontrer celles que j’accompagne au quotidien dans la scolarité de leur enfant. Si la lecture des scientifiques spécialistes de la question semble vous rebuter, peut-être que la réalité pourra vous permettre de revoir certains de vos points de vue.

En attendant, mère indigne, laxiste et mal-aimante que je suis, je vais m’occuper de ma petite dernière et lui donner sa dose de “drogue” quotidienne.

Bien sincèrement, Magali Hack

Vous pouvez également suivre le quotidien de la famille neuroatypique de Magali sur leur blog, https://www.hyperfamily.org/

1 réflexion sur “Lettre ouverte à Caroline Goldman”

  1. Je suis le père de 2 enfants : l’aîné a été diagnostiqué HPI à 18 ans seulement, puis Asperger à 20 ans seulement (si nous n’étions pas passé par un cabinet privé nous attendrions sans doute encore) ! Mon fils cadet a été adopté et souffre de troubles du comportement en raison de traumatismes psychologiques. Pour l’un comme pour l’autre la psychanalyse qui domine encore en France la psychologie se sont montrées totalement incompétentes. Alors lorsque j’entends toutes ces fadaises qui culpabilisent les parents, et que je constate qu’on donne encore la tribune à ces pseudo thérapeutes, je suis révolté. Tant de souffrances ignorées, tant d’ignorance scientifique … Je recommande à tous ceux et celles qui sont curieux de lire « L’architecte invisible » de Robert Plomin qui déculpabilise les parents au passage et qui parle, lui, de science, et pas de philosophie ou de croyances obscures !
    C’est dire si je vous soutiens Madame.
    Bon courage

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