Une recension systématique de la littérature scientifique portant sur la transidentité et l’autisme, récemment parue, conclut que l’autisme ne peut être retenu comme un motif de refus de soins d’affirmation du genre. Une excellente nouvelle pour l’autodétermination des personnes concernées.
Cet article fait suite à notre prise de position de février dernier, que vous pouvez retrouver ici : https://laneurodiversite-france.fr/transidentite-autodetermination-droits-differencies/
Une panique morale infondée.
En février dernier, une panique morale autour de l’autisme et de la transidentité déferlait dans la presse française et sur les réseaux sociaux. Un collectif, comptant entre autres un président d’association gestionnaire, le président d’Autisme Info Service, et le pédopsychiatre Éric Lemonnier (qui a accumulé les prises de positions contestables ces dernières années), alertait autour d’une déferlante de demandes de soins transaffirmatifs.
La Neurodiversité France avait déjà répondu qu’il n’existe aucune raison de s’inquiéter des « modifications corporelles irréversibles » de mineurs, ces dernières étant très rares (48 torsoplasties de mineurs acceptées, au total, en 2020).
Une recension systématique, c’est quoi ?
En mai 2023, la toute bonne revue scientifique Psychiatry Research a publié une recension systématique autour de la question de l’autisme et de l’identité de genre : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0165178123001270
Une recension systématique, c’est quoi ? Un travail de recherche extrêmement utile pour mettre en lumière un consensus de chercheur dans des domaines sociétalement controversés. Il s’agit de recenser toutes les publications parues autour d’une thématique précise, et de déterminer quelles sont les conclusions partagées par la majorité des chercheurs qui ont travaillé sur ces études, et quels sont les points de dissensus. Une recension systématique est beaucoup plus solide qu’une étude isolée, et infiniment plus solide qu’une tribune publiée dans la presse, qui ne reflète que l’opinion de ses auteurs, sans s’appuyer sur la moindre étude.
Pour leur recension de mai 2023, Juliette Bouzy et ses collègues ont analysé pas moins de 77 articles scientifiques (dont 59 études cliniques).
Leur conclusion sur la base de ces 77 études est que :
« Compte tenu de leurs difficultés d’interactions sociales et de communication, l’annonce de leur transidentité à leur groupe social est souvent discréditée, augmentant le risque de souffrance et de retard de prise en charge. De nombreux rapports réaffirment l’importance d’une prise en charge spécialisée des personnes transgenres avec autisme »
« L’autisme n’est pas une contre-indication aux traitements d’affirmation du genre. Cependant, certaines spécificités cognitives peuvent affecter la planification des soins, et les personnes transgenres autistes courent un risque élevé de discrimination et de harcèlement. Nous concluons qu’il est nécessaire de sensibiliser les gens à la question du genre et de l’autisme ».
NE PAS LAISSER LES DISCOURS TRANSPHOBES PROSPÉRER !
Aux vues de ces données très solides, il n’existe aucune raison de refuser des soins transaffirmatif à une personne en saisissant le prétexte de son autisme. Il s’agit là d’une instrumentalisation transphobe qui ne s’appuie ni sur la science, ni sur la préoccupation pour le bien-être des personnes autistes.
La Neurodiversité France continuera de lutter pour l’autodétermination des personnes neurodivergentes, et contre l’instrumentalisation de nos conditions à des fins de discriminations.
Je conteste cette prise de position d’Eric Lemonnier, mais je ne suis pas d’accord avec « l’accumulation » de positions contestables. A travers son action au CRA de Bretagne à partir de 2000, dans l’inclusion scolaire, au CRA du Limousin, au Centre expert autisme du Limousin, il a démontré des positions non contestables. En ce qui concerne le bumétanide, les études ont suivi le chemin standard. Pour la détection précoce, contrairement à ce qu’indique un chapeau d’une interview tv, elle ne peut concerner le diagnostic anté-natal, car elle suppose le recueil de données dans les jours qui suivent la naissance : elle peut seulement anticiper un diagnositc d’autisme d’un bébé, pas d’un foetus. Que reste-t-il des positions contestables ?