La neurodiversité France

Exlusion d’Olivier de sa cantine à Lyon : la honte !

Un enfant autiste de dix ans a été exclu de sa cantine scolaire, à l’école primaire Frédéric Mistral située dans le 9e arrondissement de Lyon.

Sa maman a lancé un appel à l’aide sur les réseaux sociaux. Le site Handicap.fr a diffusé une vidéo bouleversante, dans laquelle on voit Olivier manger un sandwich dehors, sous le froid climat lyonnais, après qu’elle ait pris la route plusieurs heures, pendant son temps de pause déjeuner : https://twitter.com/i/status/1597632722306240517

Les raisons de la relégation

Mais au fait, pourquoi Olivier a-t-il été exclu ? D’après le croisement du témoignage de sa maman et des sources de presse, il a réagi au bruit de la sonnerie indiquant la fin du temps de déjeuner par une « crise » ; son enseignant-référent (le seul qui sache réagir à ce comportement-problème) étant absent, personne n’a su apaiser Olivier. L’enfant est scolarisé en ULIS, dont le sigle signifie « unité localisée pour l’inclusion scolaire ». Triste ironie, une unité « pour l’inclusion » pratique… l’exclusion !

Il n’est pas possible de savoir à ce stade si c’est la première fois qu’Olivier réagit par un comportement-problème, ou s’il existe de longs antécédents de comportements similaires. Impossible de déterminer si la décision d’exclusion survient sur un coup de tête…

Le durcissement des conditions d’exclusion d’élèves autistes

Olivier ne ressemble pas au profil d’un enfant au handicap lourd : il comprend les instructions orales, s’exprime verbalement, et semble parfaitement conscient de l’injustice qu’il subit. D’après sa maman : « il ne pleure pas pour la photo, il pleure parce qu’il se sent exclu à cause d’une différence qu’il n’a pas choisie ».

A la Neurodiversité France, nous constatons un durcissement constant des conditions d’exclusion des élèves autistes en milieu ordinaire. Une trentaine d’années en arrière, un élève du profil d’Olivier n’aurait pas été scolarisé en ULIS, mais dans une classe dite « ordinaire », probablement sans diagnostic clair. Alors que la défenseure des droits souligne que « le nombre d’enfants en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire [est] passé de 321 500 à la rentrée 2017 à plus de 400 000 en 2021 (+19 %) [et que] le nombre d’AESH recrutés par l’Éducation nationale est de 125 000 en 2021, soit + 35 % en cinq ans » (source : https://www.vie-publique.fr/en-bref/286162-acces-leducation-mieux-accompagner-enfants-en-situation-de-handicap), les parents d’enfants différents constatent que le moindre motif (absence de référent / d’AESH, « crise »…) est désormais saisi pour demander une exclusion de l’école ordinaire, et un envoi vers un IME. 

L’exclusion fait souffrir, l’autisme ne fait pas souffrir .

La presse et les réseaux sociaux affirment sans vérification qu’Olivier « souffre d’autisme », attribuant les raisons de son exclusion à cette « souffrance » à l’école ordinaire. Ce raccourci, que rien ne permet de corroborer au vu du peu d’informations disponibles, revient à légitimiser l’exclusion d’Olivier au nom du bien-être de l’enfant, et à prétendre qu’il serait plus « heureux » dans un IME.

Pourtant, comme l’ont rappelé entre autres Jim Sinclair et Josef Schovanec, l’autisme n’est pas une cause directe de souffrance : « c’est le rejet qui fait souffrir, pas l’autisme », résume Josef (source : https://www.francetvinfo.fr/sante/autisme-josef-schovanec-c-est-le-rejet-qui-fait-souffrir-pas-l-autisme_1386943.html), en accord avec ce que déclare la maman d’Olivier. L’expérience de vécu de certains membres de la Neurodiversité France, en tant que personnes autistes, rejoint aussi cette conclusion : des troubles associés peuvent être sources de souffrance (épilepsie, hyperacousie, anxiété…), mais l’autisme lui-même, dans sa définition fournie par la dyade (CIM-11 et DSM 5), ne nous fait pas souffrir.

L’inclusion scolaire est un droit, que rien ne devrait remettre en cause. Nous sommes pour la continuité de l’accompagnement sur tout le temps de présence de l’enfant dans l’enceinte de l’école. Des solutions existent.  Si Olivier souffre d’une hyperacousie (= perception amplifiée du bruit), une solution simple serait de lui fournir un casque anti-bruit, et surtout, de lui en autoriser le port durant son déjeuner à la cantine scolaire. Les éléments actuellement disponibles ne permettent pas de savoir si Olivier est concerné par une hyperacousie. Et si Olivier veut fréquenter cette école, son avis à lui et à lui seul devrait être pris en compte, plutôt que de lui imposer l’exclusion !

D’après France Télévisions, sa famille « a été reçue le lundi 28 novembre en plus d’un suivi régulier de la situation ».

Nous refusons que cette terrible situation serve de prétexte pour harceler le personnel de l’école Frédéric Mistral. Nous appelons à communiquer au plus vite au personnel de cette école des solutions d’inclusion, qui permettront d’accueillir les enfants autistes, TDAH, dys, etc… dans de meilleures conditions.

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